De Boeren: le parfait exemple d'un magasin de cannabis legal a succes
“le marche international se developpe vite, nous esperons que la belgique va suivre”
Les magasins de cannabis légal poussent comme des champignons mais pour chaque magasin ayant ouvert ses portes au cours de l'année écoulée, deux ont dû mettre la clé sous le paillasson. Le magasin de cannabis De Boeren prouve que ce n'est pas une fatalité. Aujourd'hui, il existe depuis un an et a ouvert un deuxième établissement à Ypres. “Nous avons déjà un vaste assortiment de produits CBD”, explique le co-directeur Nicolas Debouverie. “Mais nous espérons pouvoir l'agrandir bientôt en fonction de l'évolution et de l'assouplissement de la législation.”
De Boeren
Un an d'existence
C'est le 15 décembre 2018 que le magasin de cannabis De Boeren a ouvert ses portes. Récemment, les directeurs – qui sont avant tout des amis – Nicolas Debouverie, Xavier Blondeel et Kevin Vu ont donc pu fêter la première année d'existence de leur magasin. Tous trois sont fiers de revenir sur l'année écoulée. Alors que beaucoup de magasins de cannabis légal ont dû fermer leurs portes, le leur a continué à se développer et en avril, De Boeren a même ouvert un deuxième établissement.
“S'il n'y avait pas eu l'interdiction initiale de la commune, nous aurions ete le premier magasin de cannabis en Flandre”
Deuxième en Flandre
De Boeren est né de l'intérêt et des affinités des directeurs pour le CBD. Avant de lancer l'affaire avec ses deux amis, Kevin Vu travaillait dans une société distribuant des articles de skate. “C'est comme ça qu'il est entré en contact avec une personne qui voulait ouvrir un magasin vendant à la fois des vêtements et du CBD”, explique Nicolas Debouverie. “Les magasins de ce genre commençaient à arriver en Wallonie et à Bruxelles. Il nous a soumis cette idée, à Xavier et à moi, et nous nous sommes réunis pour élaborer le concept de De Boeren. Lorsque notre magasin a ouvert ses portes en décembre, nous étions le deuxième magasin de cannabis légal en Flandre. Le premier avait ouvert un mois avant nous à Gand.”
“Une grande méfiance”
“S'il n'y avait pas eu l'interdiction initiale de la commune de Courtrai, nous aurions probablement été les premiers”, dit Nicolas en riant. “Ils ont refusé notre projet parce qu'ils voulaient encore soumettre quelques questions au parlement avant de nous donner le feu vert. Mais lorsque le gouvernement est tombé, cela n'a plus été possible et l'autorisation n'a pas pu être accordée.” C'est pourquoi les trois amis ont décidé d'aller en appel contre cette interdiction et ils se sont rendus au tribunal avec leur avocat. “Nous avons gagné cette affaire. Comme d'autres magasins pouvaient ouvrir à Bruxelles, en Wallonie et à Gand, la ville n'avait aucune raison de nous retenir. Mais à cet égard, on remarque que les communes n'aiment guère les magasins de cannabis légal et qu'elles sont plutôt méfiantes. Des contrôles sont effectués. Comme récemment, en octobre, dans le cadre d'un grand contrôle de plusieurs magasins. Mais nous avons toujours été en ordre.”
legislation
Des contours moins flous
La cause de cette méfiance peut être cherchée dans la législation – ou plutôt l'absence de législation. Les exploitants de magasins de cannabis légal opèrent dans une zone grise de la législation et même si ce qui est interdit est clairement décrit, on ne sait pas toujours très bien ce qui est autorisé. Les autorités craignent souvent pour la qualité des produits qui sont vendus dans les magasins car la production n'est pas entre leurs mains et elles ne peuvent donc pas contrôler sa qualité. “Heureusement, il y a déjà eu beaucoup plus de clarté avec l'élargissement de la législation relative au tabac”, explique Nicolas. “Aujourd'hui, les fournisseurs savent sous quelles conditions ils peuvent commercialiser ce produit et nous ne devons plus nous occuper de la qualité. Avant cette législation, il arrivait souvent que nous testions nous-mêmes la qualité des produits importés. Ceci n’est plus nécessaire.”
Assouplissement
Alors qu'aujourd'hui, les choses sont claires pour les sommités fleuries, ce n'est pas encore le cas pour beaucoup de produits à base de CBD. Ainsi, ces produits ne peuvent pas être présentés comme des médicaments ou des cosmétiques. “Mais souvent, les gens qui viennent chez nous ont déjà fait des recherches à la maison donc nous ne donnons pas d’informations. A cet égard, j'espère que la loi va encore s'assouplir. Ce serait normal: le marché international se développe tellement vite et il y a de plus en plus de régularisation – regardez les coffee shops aux Pays-Bas et les social clubs en Espagne. Notre assortiment va évoluer avec l'adaptation de la législation – au final, nous voulons pouvoir proposer tout ce qui a un rapport avec le cannabis. Nous voulons même vendre la version avec du THC une fois que la législation l'autorisera. Je pense que cela va arriver. Seulement je trouve que ce produit ne devrait pouvoir être vendu que dans des magasins spécialisés avec des autorisations, comme cela se fait aux Pays-Bas et en Espagne.”
Assortiment
Lutte contre la douleur d'une part, détente d'autre part
“Les produits de notre magasin peuvent être divisés en deux grands segments. D'une part nous vendons les sommités fleuries comme produit tabac. Elles sont plutôt achetées pour la détente. D'autre part, nous avons l'huile et les liquides CBD, qui sont souvent achetés pour des raisons médicales ou pour lutter contre la douleur. La clientèle est donc variée. Les sommités fleuries à fumer sont plutôt achetées par des hommes entre 25 et 50 ans tandis que les produits CBD sont achetés par des hommes et des femmes de tous les âges. En outre, nous vendons divers accessoires pouvant être utilisés pour fumer du cannabis comme des vaporisateurs.”
Vêtements en chanvre
De Boeren se spécialise aussi dans les vêtements à base de chanvre. On peut apercevoir plusieurs T-shirts et pulls le long du mur et dans la vitrine un mannequin portant une tenue entièrement à base de chanvre. “Contrairement au coton, le chanvre a une empreinte écologique relativement faible. Sa plantation, sa culture et sa récolte nécessitent moins d'eau. En outre, l'utilisation de pesticide est exclue avec le chanvre. Cela en fait donc une alternative écologique”, explique Nicolas.
Pas assez branché
Toutefois, les trois amis ont décidé d'arrêter la vente de vêtements en chanvre provisoirement. “Nous sommes en train de liquider ce qui nous reste”, poursuit Nicolas. “Hélas, le chanvre n'est pas encore appliqué à grande échelle dans l'industrie de la mode. Les produits coûtent trop cher, d'abord pour le commerçant et par conséquent pour le client. En outre, ce sont des petites entreprises qui se spécialisent là-dedans et nous trouvons que leurs pièces ne sont pas suffisamment branchées pour le public que nous visons. Si une marque comme Nike embrayait, cela ferait un monde de différence. D'autres marques suivraient, le processus de production deviendrait moins cher et on produirait enfin des vêtements branchés. Quand ça arrivera, nous avons bien l'intention de réintroduire les vêtements à base de chanvre dans notre magasin.”
la mecque du cannabis
Inspiration
L'inspiration pour leur assortiment, les trois amis la puisent essentiellement chez leurs fournisseurs. S'ils veulent chercher eux-mêmes de nouveaux produits, ils doivent aller à l'étranger. “On ne trouvera pas l'inspiration en Belgique. Toute la production de cannabis se situe à l'étranger. C'est pourquoi nous allons très souvent en Suisse, qui est un peu la mecque de la production de cannabis puisque la législation dans ce pays autorise bien plus de choses. Nous y allons pour découvrir les nouveaux produits et voir lesquels peuvent être intéressants dans notre assortiment.”
En librairie?
Une fois que les autorités ont décidé d'élargir la législation tabac et d'appliquer au cannabis légal les règles en vigueur pour les produits tabac, le produit a commencé à apparaître de plus en plus souvent en librairie. C'est assez logique car le cannabis légal peut être un complément intéressant dans l'assortiment de produits tabac et permettre au libraire de creuser un tout nouveau marché avec ce segment. “Si je ne me trompe pas, le cannabis légal est déjà vendu dans environ 10.000 magasins en Belgique. Il y a certainement des librairies dans le tas. La différence entre la librairie et les magasins qui vendent uniquement du cannabis est que ces derniers peuvent être considérés comme des boutiques spécialisées. Ici, ce sont souvent les exploitants eux-même qui cherchent un bon assortiment et des produits de qualité. Ils s'y connaissent vraiment dans leur branche. Les libraires ne sont pas des experts dans ce domaine et vont juste signer des contrats avec de gros fournisseurs sur base des marges avantageuses. Dans ces cas-là, la quantité est plus importante que la qualité.”
avenir
“Nous avons déjà ouvert un deuxième magasin en avril. En effet, l'un de nos amis avait envie d'ouvrir un magasin mais il ne voulait pas commencer de zéro. Alors comme nous avions déjà les connexions et que nous connaissions la législation, il a décidé d'ouvrir un deuxième magasin De Boeren. Celui-ci se trouve à Ypres. Mais l'ouverture d'un troisième magasin n'est pas à l'ordre du jour. Bien sûr, nous espérons continuer à élargir l'assortiment mais à nouveau, nous dépendons de l'évolution de la législation.”
Distributeurs automatiques de cannabis
Même si le trio n'a plus rien de prévu pour cette année, il ne reste pas les bras croisés. Il travaille actuellement à élaborer et développer un nouveau concept: les tout premiers distributeurs automatiques de cannabis. “Nous avons déjà acheté de vieux distributeurs de cigarettes et nous les avons adaptés de manière à pouvoir y vendre du cannabis. Nous aimerions les introduire dans divers cafés ou même dans des librairies. Ainsi, les exploitants qui souhaitent élargir leur offre mais n'y connaissent rien en cannabis pourraient gagner du temps et s'épargner beaucoup de travail et d'efforts. Nous nous chargerions de l'achat et nous remplirions les distributeurs en temps voulu. De cette manière, ils auraient une belle sélection de nos best-sellers et ils disposeraient constamment d'une offre courante. Ces distributeurs pourraient être très avantageux pour les petits entrepreneurs qui font leurs premiers pas sur ce marché et qui ne connaissent pas les produits. Nous espérons en installer quelques-uns bientôt.”

