Les changements les plus frappants dans le secteur du tabac
Qu'est-ce qui bouge dans le paysage du tabac
et à quels changements pouvez-vous vous attendre?

L'industrie du tabac traverse une période difficile. D'un côté, il y a un marché dont les chiffres ne cessent de diminuer et, de l'autre, un gouvernement qui impose des réglementations de plus en plus strictes. En conséquence, de plus en plus de fumeurs décrochent, vont voir ailleurs ou se réfugient dans des alternatives telles que les cigarettes électroniques ou, dans le pire des cas, se tournent vers le circuit illégal. Qu'est-ce qui a changé l'année dernière? Et quelles sont les évolutions à venir? Résumé.
Cigarettes
à la diminution des ventes frontalières
Augmentation des accises
Avec les augmentations successives des accises, le paquet de cigarettes devient de plus en plus un produit de luxe. Le marché légal des cigarettes en Belgique devrait connaître une baisse plus importante qu'auparavant dans les années à venir. Les accises affectent encore plus la base que les années précédentes et elles augmenteront certainement à nouveau en 2023. Chaque augmentation de prix risque d'amener le consommateur à reconsidérer son choix.
L'augmentation des différences de prix avec les autres Etats membres de l'UE peut également entraîner l'achat d'une plus grande quantité de tabac dans un autre pays en raison de cet avantage de prix. Ainsi, les consommateurs belges sont à nouveau plus nombreux à se rendre au Grand-Duché de Luxembourg.
D'autre part, certains pays voisins ont également une stratégie de taxation du tabac élevée. La différence entre le marché belge et des marchés tels que la France et les Pays-Bas devrait donc rester suffisamment importante pour continuer à attirer les consommateurs aux frontières de la Belgique. D'un autre côté, nous constatons un déplacement des consommateurs français et néerlandais vers le Luxembourg.
Les marchés légaux continueront à se contracter, en raison d'une baisse générale mais aussi de nouvelles alternatives telles que la cigarette électronique et/ou les sachets de nicotine à mettre en bouche. Toutefois, ce dernier produit ne pourra plus être vendu à partir du 1er octobre de cette année.
Croissance du segment des petits prix
Les fabricants s'attendent, d'une part, à ce que les consommateurs continuent à rechercher le meilleur prix et à ce que les gros emballages continuent à se développer, non seulement en raison de leur prix unitaire souvent inférieur à celui des petits paquets, mais aussi parce qu'ils sont plus pratiques pour le fumeur adulte. Mais ils s'attendent également à ce que l'importance des marques 'Value For Money' (par exemple Winston, Pall Mall, Chesterfield, Next, JPS, News et Fortuna) augmente.
Peu d'évolution
Dans l'ensemble, il y a peu de mouvement. Il n'y a pratiquement plus d'innovations ou de lancements. Cela s'explique évidemment par le fait que les réglementations sont devenues de plus en plus strictes, ce qui limite les possibilités d'innovation. En outre, après l'introduction des paquets neutres, le marché des cigarettes fait plutôt grise mine.
Tabac (MYO et RYO)
Le marché du FCT (ou Fine Cut Tobacco) a connu une baisse de 25,3% en 2022 par rapport à 2021. Les années précédentes ont également été négatives à chaque fois et cette tendance se poursuivra. Il y a dix ans, on commercialisait encore facilement 10.000 tonnes en Belgique!
les gros emballages se portent bien ici aussi
Dans ce canal aussi, les évolutions sont plutôt limitées. Ici aussi, nous constatons que les grandes boîtes et les grands seaux se vendent mieux que les petits emballages.
MYO vs RYO
Le MYO (Make Your Own) constitue toujours le groupe le plus important du marché pour la plupart des acteurs (65 à 70%, certains atteignant 80% de parts de marché). Toutefois, c'est ce groupe qui a connu la plus forte baisse en 2022 en raison de la chute des ventes à la frontière française. En ce qui concerne le RYO (Roll Your Own), les ventes de certains acteurs sont restées stables, tandis que d'autres ont connu une légère baisse.
Baisse du marché frontalier
Le marché frontalier représente près de la moitié des ventes de FCT dans notre pays, mais il diminue d'année en année. Par conséquent, la part du marché intérieur augmente. Mais de toute façon, le 'gâteau' total est de plus en plus petit.
Tant sur le marché intérieur qu'aux frontières, une nouvelle baisse a été enregistrée en 2022. La principale raison de ce déclin est l'augmentation considérable des droits d'accises. La différence de prix avec le Luxembourg est particulièrement importante. Une grande partie des marchés français et anglais - en raison de la dévaluation de la livre suite au Brexit, les ventes de marques britanniques telles que Cutters Choice, Golden Viriginia, Gold Leaf et Turner ont considérablement diminué - s'est entièrement déplacée vers ce pays.
A cela s'ajoutent les Belges qui traversent également la frontière luxembourgeoise en raison des difficultés économiques.
Les Pays-Bas sont une exception
La seule région frontalière qui s'est bien comportée en 2022 est celle des Pays-Bas. Bien que le FCT soit toujours moins cher en Belgique, l'écart d'accise et donc de prix avec les Pays-Bas s'est réduit au cours de la période 2021-2022.
Cigares et cigarillos
Un marché en déclin
Cette catégorie de tabac a connu une spirale descendante ces dernières années. La consommation de timbres fiscaux s'est établie à 227.372.369 unités à la fin de 2022, soit une baisse de 3,2% par rapport à 2021. La baisse a toutefois été moins marquée au cours des quatre dernières années, notamment par rapport à la période 2015-2018.
Les chiffres du tableau incluent toutes les formes de cigares, et pas seulement les cigarillos. Mais comme les cigares représentent environ 95% du marché total des cigares en Belgique, nous pouvons certainement utiliser ces chiffres en baisse pour esquisser l'évolution du paysage des cigares.
Dans le secteur du cigarillo, les grandes marques continuent à bien se porter (shortfillers premium), tout comme les produits 100% tabac.
Longfillers: un segment petit mais populaire
En termes de ventes, la demande de cigares faits main (longfillers) a augmenté, surtout dans le segment des 12 à 18 euros, mais certainement aussi pour les marques les plus chères. Les consommateurs fument moins mais il s'agit de produits de meilleure qualité.
Les cigares artisanaux de haute qualité trouvent également leur place auprès d'un public de plus en plus jeune (-35 ans). Les gens fument beaucoup moins, mais ceux qui veulent fumer préfèrent acheter un cigare de qualité. Les cigarillos perdent donc du terrain, mais les fabricants constatent que de plus en plus de consommateurs sont attirés par les cigares de qualité.
cigarettes électroniques
croissance régulière
Les ventes de cigarettes électroniques dans notre pays continuent de bien se porter. En termes de volume de marché, nous avons constaté une croissance régulière de quelques pour cent au cours des dernières années, jusqu'à 8 pour cent en 2021 par rapport à 2020. Il n'existe toutefois pas de chiffres exacts sur ce marché, car aucun droit d'accise n'est encore prélevé sur cette catégorie. Les chiffres du tableau ont été fournis par la fédération industrielle Vapebel.
Un changement motivé par la santé
Le passage de la cigarette à la cigarette électronique est donc toujours d'actualité, et il est davantage motivé par la santé que par le prix. Au sein de cette catégorie, ce sont principalement les cigarettes électroniques jetables qui sont responsables de la croissance, et il convient également de noter que la tendance aux appareils plus petits se poursuit, y compris dans le segment des cigarettes électroniques rechargeables.
potentiel
Si l'on examine les différentes catégories de consommation de nicotine en Belgique, on constate que les cigarettes représentent 60,7% du marché total, tandis que le vapotage détient une part de marché de 10,7% (le reste étant constitué par le tabac fine coupe, qui représente environ 28,2%). Le vapotage a donc encore un énorme potentiel dans notre pays, puisque la Belgique compte encore environ 2 millions de fumeurs de cigarettes.
Une législation plus stricte
Sur le plan législatif, les derniers mois ont été marqués par d'importants changements. Le 14 décembre 2022, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a présenté son nouveau plan anti-tabac. Le ministre y propose sa stratégie pour réduire fortement le tabagisme en Belgique.
Les plans
Depuis 2009, il est interdit de fumer dans les bâtiments ouverts au public, tels que les cafés et les restaurants. A partir du 1er janvier 2025, cette interdiction de fumer devrait être étendue à certains lieux extérieurs spécifiques. Certainement aux endroits où les enfants sont nombreux, mais peut-être aussi à l'entrée des hôpitaux et des écoles.
D'ici avril 2023, on devrait connaître les restrictions possibles sur les terrains de sport et les activités des organisations de jeunesse, telles que les mouvements de jeunesse. Une concertation avec les fédérations sportives qui organisent des compétitions sportives professionnelles dans les stades est nécessaire pour interdire le tabac, comme la Pro League en football.
Le gouvernement fédéral souhaite également que les produits tabac puissent être vendus dans moins d'endroits. Par exemple, il veut interdire la vente derrière le comptoir dans les cafés et dans les festivals (points de vente temporaires) à partir du 1er janvier 2025. Il veut ainsi éviter que les non-fumeurs soient spontanément tentés d'acheter des cigarettes et que les fumeurs y réfléchissent à deux fois avant d'en acheter.
Un accord a également été conclu pour mettre fin à la vente de tabac dans les magasins d'alimentation de plus de 400 m² d'ici 2028. Il a déjà été décidé que les distributeurs automatiques de tabac seraient interdits partout, sauf dans les supermarchés. Cette interdiction prendrait effet 12 mois après sa publication au Journal officiel, vraisemblablement en 2024.
Les personnes ayant l'air d'avoir moins de 25 ans devront bientôt présenter leur carte d'identité pour acheter des cigarettes. Certes, il y aura d'abord une période de sensibilisation, puis des sanctions pour les vendeurs qui continueront à ignorer le contrôle d'identité obligatoire.
Le plan tabac du ministre prévoit également une interdiction d'exposition des produits tabac.
Enfin, il a été décidé de rendre le tabac à nouveau plus cher par le biais d'une augmentation des accises. Et les cigarettes électroniques seront taxées à partir de 2024 à un taux qui n'a pas encore été déterminé.
PASSage à la cigarette électronique
Pour notre magazine Kiosk, nous avons demandé à la fédération de réagir:
"Il est regrettable que le plan n'accorde pas assez d'attention aux personnes qui ne veulent pas arrêter de fumer malgré les mesures. Elles ne seraient pas encouragées à passer des cigarettes traditionnelles à de meilleures alternatives, dont il est scientifiquement prouvé qu'elles sont moins nocives, telles que les cigarettes électroniques".
"L'interdiction des cigarettes électroniques (probablement d'ici fin 2023, ndlr) ne fera que réduire les alternatives pour les personnes qui souhaitent arrêter progressivement ou qui recherchent une alternative plus saine. Ainsi, le ministre augmente le seuil pour arrêter de fumer et rend l'objectif de réduire le nombre de fumeurs quotidiens à un maximum de 10% d'ici 2028 encore plus difficile à atteindre".
"Les produits à moindre risque, tels que les cigarettes électroniques, les produits tabac chauffés et les sachets de nicotine, constituent une excellente opportunité pour le gouvernement de réduire les effets nocifs du tabagisme et pour les magasins de réorienter leurs ventes vers des produits à moindre risque qui devraient par conséquent être moins taxés."

