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LES POINTS POUR LA REVENTE VONT-ILS SAUVER LE SEGMENT PRESSE EN LIBRAIRIE?

“DPG Media croit beaucoup au secteur, dans lequel nous continuons d'investir"

Peter Bouckaert est responsable Marketing Operations & Retail Sales chez DPG Media, qui est depuis 2019 l'organisation de médias réunissant De Persgroep Publishing et Medialaan. Il se charge de tout ce qui concerne la vente au numéro, le service consommateur, les tirages et le CRM. Il a aussi une bonne vision de tout ce qui change au sein du segment presse. “Impossible d'y échapper. La digitalisation rend les choses particulièrement difficiles pour la presse et par conséquent pour la librairie. Malgré tout, DPG Media continue à innover et surtout à investir dans le canal de la librairie.“

DPG Media Peter BouckaertUNE ANNEE MOUVEMENTEE

2019 fut une année mouvementée pour De Persgroep Publishing et Medialaan. Vous êtes réunis sous un seul et même toit depuis le 1er janvier?

Peter Bouckaert: “C'est ça. Le 1er janvier, nous avons officiellement rassemblé nos forces dans une seule entreprise: DPG Media. Je pense que c'était un vieux rêve de réunir radio, télévision et presse afin de renforcer les marques existantes. En outre, pour pouvoir survivre dans notre secteur aujourd'hui, il est indispensable de relier et de rassembler non seulement les gens mais aussi les systèmes. Relier une marque comme Hat Laatste Nieuws avec VTM est une formule très puissante.

"C'etait un vieux reve de reunir radio, television et presse afin de renforcer les marques existantes"

Actuellement, nous sommes en train de finaliser notre déménagement à Anvers. Nous y réunissons toutes les rédactions et tous les médias d'actualité dans un magnifique bâtiment tout neuf derrière la gare centrale: News City. L'équipe IT, les services corporate et le siège ont également déménagé à Anvers. En revanche, le divertissement reste à Vilvorde."

Il n'y a pas que le déménagement qui montre que vous êtes en pleine réorganisation. Vous êtes aussi sur le point de supprimer 145 emplois. D'où vient cette décision drastique?

Bouckaert: “La suppression de ces emplois se fait dans le cadre du plan de transformation. Depuis DPG Media, nous investissons beaucoup ces dernières années dans la transformation numérique de nos activités audiovisuelles. Afin de garantir son leadership sur le marché local et de pouvoir rester compétitif face à de gros acteurs internationaux, DPG Media choisit actuellement une digitalisation poussée et une adaptation de l'organisation télé. Le plan de transformation s'applique donc uniquement à nos activités audiovisuelles et n'a aucune influence sur nos activités de publication. Mais que comprend ce plan de transformation? En fait, on va investir dans des plate-formes digitales. Par conséquent, DPG Media va chercher des profils digitaux. Dans cette optique, il était nécessaire de supprimer 145 emplois mais il y aura bientôt une cinquantaine de nouveaux postes à pourvoir."

CHANGEMENT DANS LE SEGMENT PRESSE

Prévoit-on des changements qui auront un impact sur vos activités de publication?

Bouckaert: “C'est difficile à dire car le monde des magazines évolue rapidement. Actuellement, on constate deux choses. Soit les magazines sont très spécialisés (comme les magazines de niche, qui ont une portée limitée), soit ils touchent un très vaste public. L'époque des catégories intermédiaires est donc révolue.
Dans les magasins de journaux, on voit les magazines de niche disparaître progressivement tandis que les magazines généralistes destinés pour le grand public se portent très bien. Est-ce que de nouveaux magazines vont venir s'ajouter? C'est possible. Regardez Rossel, qui a repris Ciné Télé Revue il y a un certain temps. Mais il y aura aussi des magazines qui disparaîtront. Comme Joepi, par exemple. Au bout d'un moment, quand on constate que le public d'un certain magazine se met à lire de plus en plus de manière digitale, il est temps de mettre un terme à l'aventure."

"On n'a pas encore trouve de reponse a la digitalisation des magazines. C'est dommage pour les magazines mais c'est une chance pour le marchand de journaux"

Est-ce que des titres vont venir s'ajouter ou vont disparaître chez DPG Media?

Bouckaert: “Peut-être. Ce n'est pas moi qui décide (rires). Je pense que s'il y a des opportunités, certains titres seront repris. Seulement, il n'en reste plus beaucoup. Je fais un raccourci mais en Flandre, il reste Roularta comme gros acteur qui commercialise des magazines et nous. Il n'y a donc pas grand-chose que nous pourrions encore reprendre. D'autre part, allons-nous mettre un terme à certains titres? A nouveau, tout est possible mais actuellement, je peux affirmer avec certitude que ce n'est absolument pas à l'ordre du jour. Nous gardons des titres s'ils sont rentables et pour le moment, c'est le cas."

Le fait que les lecteurs lisent en version digitale constitue-t-il un problème pour les magazines?

Bouckaert: “On n'a pas encore vraiment trouvé de réponse à la digitalisation des magazines et on est en train d'en chercher une intensivement. Bien sûr, on peut toujours télécharger un PDF mais cela n'a rien à voir avec l'expérience de lecture des journaux digitaux. Le fait qu'on n'ait pas encore trouvé de réponse est une mauvaise chose pour les magazines mais aussi une bonne chose pour les marchands de journaux. Ils peuvent encore compter sur le segment presse et, malgré une tendance à la baisse, celui-ci constitue encore une part importante de leur vente. Mais ce glissement dans le business model constitue un problème pour les magazines, qui explique pourquoi certains titres ont déjà disparu."

Le phénomène est moins un problème pour les journaux, ou si?

Bouckaert: “Pour les journaux, on a déjà trouvé une partie de la réponse. Beaucoup de choses peuvent très bien se lire de manière digitale sans nuire à l'expérience de lecture. Chez DPG Media, nous avons délibérément choisi de continuer à investir dans le canal de la librairie. Nous employons toujours un certain nombre de personnes qui travaillent en continu sur la vente au numéro. Cela montre aussi notre engagement à l'égard de ce canal. Toutefois, le glissement est perceptible. Les gens lisent plus souvent de manière digitale et pour ça, ils n'ont plus besoin de passer à la librairie. Est-ce un choix de l'éditeur? Absolument pas, il s'agit juste d'une évolution internationale. Si on ne prend pas ce train-là, on ne peut pas survivre."

Pers DPG Media krant newspaper drukPers DPG Media krant newspaper druk

LE CONSOMMATEUR ACHETE DIFFEREMMENT

Avec la digitalisation, les titres ont du mal à continuer d'exister. Cela amène-t-il le libraire à perdre son rôle dans la vente de presse?

Bouckaert: “Le secteur se trouve à un point très critique, effectivement. La presse est un segment de produits qui marche bien mais elle est sur le déclin. DPG Media a bien compris qu'il faut innover à cet égard. C'est pourquoi nous avons commencé il y a un an et demi à mettre en place un système spécial. Steve De Smet, notre sales manager, et son équipe ont cherché de manière proactive des endroits comme des boucheries, des boulangeries, des supérettes, des appartements de services … intéressés à l'idée de proposer plusieurs magazines ou journaux pour répondre à la demande de leurs clients. Actuellement, nous travaillons avec 400 points de revente rien qu'en Flandre. Ce que nous faisons avec ces points? Nous contactons une librairie et nous lui expliquons qu'il y a plusieurs personnes à proximité qui sont intéressés à l'idée de vendre de la presse et auxquelles il peut fournir quelques produits pour la revente."

Est-ce que le libraire y gagne encore quelque chose?

Bouckaert: “Les magasins qui rejoignent ce système voient leur chiffre d'affaires augmenter. Le commerçant conserve l'intégralité de sa marge et nous, en tant qu'éditeur, nous payons 10% supplémentaires pour le point de livraison. Le libraire conserve l'intégralité de la commission sur ce qu'il vend, au final. A condition que nous ayons l'exclusivité et qu'il n'y ait pas de produits de presse de nos concurrents. Bien sûr, nous ne faisons pas le marché pour eux.
Pour donner un exemple. Raf Degraeve, qui tient la librairie/magasin de divertissement At The Movies à Wetteren nous a appelés il y a deux ans parce qu'il craignait de devoir fermer son magasin à cause de la baisse des ventes. Nous avons alors cherché avec lui des points de revente. Ensuite, son chiffre d'affaires a quadruplé. Tout ce qu'il a à faire, c'est livrer les produits de presse le matin, reprendre les invendus à la livraison suivante et établir une facture une fois par mois. Un tout petit effort pour les chiffre d'affaires que cela permet de générer."

S'agit-il de LA solution pour la vente de presse en librairie?

Bouckaert: “Tous ceux qui rejoignent ce système sont ravis. Même les gens de la fédération qui étaient plutôt méfiants à l'origine sont aujourd'hui enthousiastes et participent. Cela montre qu'en tant qu'éditeur, nous collaborons avec le secteur et que nous nous engageons pour garder le canal en bonne santé car nous voulons qu'il continue d'exister. Mais quand on voit qu'il y a de moins en moins de personnes qui vont en librairie, c'est à nous d'examiner où ils vont. Et c'est là qu'il faut être présent. Le point positif est que nous ne le faisons pas directement et que nous impliquons toujours le librairie. Cela montre une fois de plus que DPG Media souhaite vraiment faire avancer la cause des marchands de journaux."

Pers DPG Media krant newspaper drukEVOLUTION DE LA LIBRAIRIE

Comment est-ce que DPG Media voit l'offre évoluer dans les librairies? Y aura-t-il encore des journaux papier dans une dizaine d'années?

Bouckaert: “Je pense que les journaux seront entièrement digitaux d'ici dix à quinze ans. Je ne suis pas aussi catégorique concernant les journaux du week-end. L'atmosphère du week-end est toujours sacrée. Les gens tiennent à lire leur journal du week-end en prenant leur petit-déjeuner le samedi et le dimanche. Il y a aussi les tirages du week-end, qui sont lus avec plaisir. La preuve, c'est les pics qu'affiche notre vente pendant le week-end. En revanche, en semaine, j'imagine que les journaux ne seront plus édités que de manière digitale."

Vous avez trouvé une stratégie pour continuer d'exister dans le monde digital actuel mais comme les librairies peuvent-ils y faire face?

Bouckaert: “Les magasins de journaux et les librairies continueront à fermer tant que le secteur ne se professionnalisera pas. Ceux qui veulent survivre doivent être capables de se différencier en élargissant leur offre et en détournant à leur profit l'aspect digital. L'époque où l'on se contentait de vendre et de se ternir derrière le comptoir toute la journée est révolue. Ce n'est plus comme ça qu'on attire les clients dans le magasin.
Nous collaborons avec des magasins qui sont la preuve vivante que c'est possible. Je pense à la manière dont ils utilisent Facebook à leur avantage pour fidéliser les clients. Ils postent sur leur page Facebook la couverture des magazines qui viennent de sortir.
Ou ils communiquent à propos des actions en cours - ça aussi, ça fait venir du monde dans le magasin. Nous allons sortir Joepi une dernière fois avec une édition spéciale. Les jeunes d'aujourd'hui ne connaissent peut-être plus Joepi mais leurs parents, si. Et ils viendront en magasin si le libraire fait de la publicité sur ses réseaux.
Faites donc la promotion de votre magasin comme l'endroit par excellence où les gens peuvent venir acheter Joepi une dernière fois. Ce sont des choses qui sont uniquement diffusées en librairie. Choisissez de jouer cette carte-là de manière proactive. Ou pourquoi ne pas jouer un rôle actif en tant que canal de retrait pour des colis? Les possibilités pour se différencier sont infinies."

Il ne faut donc pas paniquer?

Bouckaert: “Sûrement pas. Nous investissons toujours dans ce canal. Nous avons encore confiance dans le secteur. Sinon, pourquoi aurions-nous repris une aussi grosse partie des titres de Sanoma? On ne fait pas ce genre de chose si on ne croit pas à la branche."

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Écrit par MELISSA HIMPE28 octobre 2019
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