CINQ PAYS DOMINENT LE MARCHE INTERNATIONAL
Coup d’œil sur les regions de production des cigares
Les tabacs de qualité et les cigares qu’ils permettent de produire sont tributaires de nombreux facteurs: le microclimat, le terroir qui apporte des caractéristiques uniques et un savoir-faire inégalé à chacune des étapes, de la culture au produit fini. La référence, c’est Cuba. Viennent ensuite les cigares du Nicaragua et leur qualité constante, puis les cigares dominicains et du Honduras, et enfin les incroyables assemblages brésiliens.
1. CUBA: LE PAYS DU CIGARE
Propriétés uniques
Cuba dispose d’un terroir unique et particulièrement riche. Pour les cigares, on utilise jusqu’à présent exclusivement du tabaco negro dans la variété résistante Criollo, et dans la
sous-variété Corojo. Cette dernière est idéale pour la cape. Le mélange des trois différentes feuilles pour la tripe – volado, seco et ligero – apporte des saveurs et un blend intéressants. Le tabac volado permet au cigare de bien se consumer, le seco est riche en arômes et le ligero apporte la puissance. La sous-cape maintient la tripe, et la cape soigne la finition visuelle. La feuille de tabac cultivé à Cuba est puissante, riche et épicée, avec un arôme terreux et robuste.
La crème de la crème
Pour beaucoup d’aficionados, l’expérience ultime reste le Havane cubain. Cette appellation officielle est réservée à un groupe de marques restreint. Les Havane sont souvent plus lourds, avec un goût entier et puissant décliné dans plusieurs nuances uniques de bois et de cuir, et à l’odeur typique du foin. L’intensité du longfiller augmente à mesure qu’on le fume, et développe petit à petit des saveurs complexes.
Le marché belge
La part de cigares de qualité de Cuba progresse. Il s’agit d’un des meilleurs segment en Europe, en termes de marques et d’assortiment. Ces dernières années, on observe une nette tendance aux cigares plus épais d’un diamètre de 20 à 21 mm. Aujourd’hui, l’amateur préfère des Havane plus gros, mais à fumer moins longtemps, de 20 à 30 minutes.
Après la révolution
Après la révolution cubaine en 1959, les fabricants de cigares ont fuit le pays, sans oublier d’emporter leurs semences de tabac. Ils se sont installés ailleurs, en respectant la même dispersion. C’est ainsi qu’ils ont découvert de nouveaux terroirs, mais aussi que leurs plantes se sont développées et que les techniques ont évolué.
2. NICARAGUA: DEUXIEME POSITION
Région fertile
La région la plus fertile dans la liste, c’est la ville d’Esteli, suivie par la vallée de Jalapa. Les régions d’Ometepe dans le Sud et de Somoto au Nord-Est sont moins importantes.
Arômes propres aux régions
La plupart des tabacs sont originaires de Cuba et ont été importés illégalement, mais les variétés contemporaines font aussi de beaux produits.
- La région d’Esteli produit du tabac aux feuilles noires puissantes, généralement utilisé pour composer la tripe. Les feuilles ont un goût épicé et fort en arômes, avec des touches terreuses.
- La feuille de Jalapa est plus douce et plus complexe, mais pour un goût toujours très rond. La grande diversité de feuilles apporte un mélange aussi subtile que riche en saveurs. Jalapa est une référence appréciée dans le monde entier pour ses feuilles de cape.
- Le tabac Condega se classe entre les deux tabacs que nous venons de présenter en termes de puissance et de texture. La feuille a un corps moyen mais aux saveurs très complexes.
- La feuille d’Omotepe apporte un côté généreux, doux et chocolaté et un excellent équilibre entre puissance et arômes.
- Les feuilles noires de Somoto ont une puissance dominante et ronde. Cela apporte une touche de douceur, d’arômes fluides au mélange.
Qualité constante
Les longfillers du Nicaragua jouissent d’une réputation internationale depuis une petite dizaine d’années. Leur qualité est incroyablement constante. On y produit aussi beaucoup de tabac destiné au Honduras et à la République dominicaine. Le Nicaragua s’est spécialisé dans les modèles plus grands et plus épais. Les Belges prennent parfois le temps de déguster ce type de cigare très rond.

3. REPUBLIQUE DOMINICAINE: TRES ACCESSIBLE
Des arômes doux
Les longfillers dominicains conviennent idéalement au débutant, et ont assez de profondeur pour quand même se faire apprécier des plus avertis. La tripe, la sous-cape et la cape sont d’origines très diversifiées: Connecticut, Brésil, Equateur, Mexique, Cameroun, Honduras, Nicaragua etc. mais également de République dominicaine. On trouve aussi plusieurs 'puros', entièrement roulés à partir d’un seul tabac. Les cigares dominicains sont en général plus doux et plus accessibles. On leur trouve des arômes sucrés et de fruits secs.
Trois types de tabac
Le meilleur tabac est cultivé dans la vallée de Real et surtout de Cibao. Dans la vallée de Cibao, on retrouve trois types de tabac:
- Olor Dominicano: le seul, vrai tabac d’origine. Doux et un peu iodé, souvent utilisé pour la tripe et la sous-cape.
- Piloto Cubano: cultivé à partir d’une semence cubaine, il s’agit de la variété la plus puissante. On l’utilise surtout pour la tripe pour ajouter de l’intensité. La couverture était importée jusqu’il y a quelques années, lorsqu’on a commencé à travailler avec du
Piloto Cubano. - San Vincente: une variété hybride obtenue à partir du Piloto dans la Vuelta Abajo à Cuba. Un peu plus léger que le Piloto, et avec plus d’acidité. Utilisé pour la tripe et pour la sous-cape.
Tendances chez nous
Le cigare dominicain de belle taille est de plus en plus populaire chez nous. Il est à la fois imposant et élégant et offre littéralement une explosion de saveurs, autant qu’un très grand cigare, mais sans nécessiter autant de temps à la dégustation.

4. HONDURAS: UNE DECOUVERTE
Des plantations à vol d’oiseau
En 1765, la Couronne espagnole ouvre un poste de traite à Copan. Pour la culture du tabac et la fabrication de cigares, Danli et la Jamastran Valle s’impose comme centre de la production. A Talanga, les plantes sont même protégées par des paravents.
Une saveur unique
Les pionniers cubains, la contamination croisée avec le pays voisin, le Nicaragua, et la variété locale de tabac Copaneco ont donné naissance à un produit unique. En effet, à la base, le vrai tabac est d’origine cubaine uniquement. Le Criollo et le Corojo sont ici cultivés pour leur tempérament fort et impétueux. Le Connecticut Shade produit de belles feuilles de cape, mais la cape la plus intéressante reste le True Corojo de la vallée de Jamastran. Le tabac du Honduras est plus riche que le dominicain, mais reste plus doux que le cubain. Pour ce qui est de la puissance, les tabacs de République dominicaine sont les plus doux, celui du Honduras est un peu plus relevé. Alors que les cigares cubains se caractérisent par une nature plus terreuse et végétale, ceux du Honduras se veulent plus ronds et plus crémeux, tout en restant assez épicés dans la longueur.
La dégustation avant tout
Les cigares du Honduras sont un peu moins connus en Belgique. Bien que le pays ait présenté des produits de qualité, ils restent très doux pour le marché belge. Une bonne chose pour l’amateur qui cherche à quelque peu équilibrer sa consommation.
5. BRESIL: UN SECRET BIEN GARDE
Acteur mondial
Le Brésil est le premier exportateur de tabac au monde. On dénombre huit usines de cigares de qualité, mais qui ne représentent que 2% du marché du tabac au Brésil. La grande majorité du tabac exportée en Amérique latine et dans les Caraïbes sert à la production de longfillers, tandis que le gros du tabac qui arrive en Europe est utilisé pour la production mécanique de shortfillers et de mélanges.
Tabac de la région de Bahia
Le Reconcavo Baiano est la région de référence pour la production de tabac, en plein dans l’Etat de Bahia, non loin de la capitale Salvador.
Principales régions Brésiliennes
Il y a quatre grandes régions brésiliennes:
- Mata Fina: la cape de Mata Fina est la plus chère au monde. Le tabac produit est d’une qualité exceptionnelle; doux, sucré et aromatique, de puissance moyenne. On y cultive aussi la variété non endémique Sumatra. Ce tabac se cultive à l’ombre, ce qui permet d’obtenir une cape très soyeuse.
- Mata Norte: le sol y est sableux ou argileux. Les feuilles sèchent en plein air, et ce qu’il y ait du soleil, du vent ou de la pluie. Elles présentent donc une structure très ferme. Les feuilles sont utilisées pour la production de mélanges, le tabac apportant des arômes de fruits secs et de café amer torréfié.
- Mata Sao Gonçalo: région bien connue pour sa cape. En utilisant des cosses de cacao pour engraisser les plantes, on obtient des feuilles bien brillantes.
- Mata Sul: un tabac de qualité, à structure moyenne.
Pour les amateurs de spécialités
Le tabac brésilien est plus foncé, mais plus doux, entier et rond en bouche. Outre les pays classiques d’origine du tabac, la demande en spécialités ne cesse d’augmenter. Le cigare brésilien est donc la réponse idéale.