Le cuisinier amateur n'hesite pas a mettre le prix pour un magazine culinaire
des responsables de magazines culinaires parlent de l'importance de la librairie

De nos jours, les revues de niche occupent une place plus importante que les journaux et magazines généraux. Avec un contenu approfondi et une mise en page qui stimule l'imagination, ces magazines spécialisés ont souvent un avantage sur le méli-mélo des magazines d'intérêt général. C'est le cas notamment des magazines culinaires, un segment sur lequel vous ne devez pas hésiter à miser en tant que libraire. “Pour nous, la librairie est l'endroit où il faut être“, dit Bernd De Crée de Culinaire Ambiance. “Grâce à l'expertise du marchand de journaux, le consommateur obtient une belle sélection de magazines culinaires de qualité.“
Evolution des ventes
La vente au numéro des magazines culinaires spécialisés a chuté vers 2010 – comme celle de nombreux autres magazines. A cette époque, la nourriture est passée d'une folie passagère à une véritable tendance et on a soudain eu l'impression que tout le monde voulait se lancer dans une carrière de cuisinier amateur. Pour surfer sur cette vague, de nombreux articles ont été proposés en ligne, souvent gratuitement. Cette situation s'est reflétée dans les chiffres de vente en baisse des magazines imprimés. Depuis 2018, l'AMP observe de nouveau une légère augmentation des chiffres. Aujourd'hui, les vrais gourmets n'hésitent pas à mettre le prix pour le contenu de qualité, les recettes et les reportages qu'ils trouvent dans les magazines culinaires – un contraste frappant avec l'offre en ligne, qui est devenue avec le temps un ‘lieu commun’ moins intéressant. Ce redressement a stimulé les ventes de ce segment de presse et le mouvement continue à ce jour.

Plus que de simples recettes
La presse culinaire doit une grande partie de son succès au fait qu'elle propose plus que de simples recettes. Souvent, les recettes sont accompagnées d'informations de fond sur les techniques et les ingrédients utilisés. En outre, on trouve des rubriques d'inspiration (culinaire), des trucs et astuces pratiques, des adresses à découvrir et des hotspots proches ou éloignés, ainsi que des entretiens avec des grands noms du secteur alimentaire. Les reportages ont un angle original grâce à l'expertise des journalistes culinaires qui font le bonheur des lecteurs à chaque édition.
La qualité au carré
Outre le contenu, la mise en forme complète fait l'objet d'un travail considérable. Du papier de qualité aux photos, chaque élément rayonne le luxe. Les rédactions consacrent beaucoup de temps et d'énergie à la mise en forme, au look et à la photographie de leurs magazines, stimulant ainsi tous les sens de leurs lecteurs. Les photos mettent l'eau à la bouche avant même que le plat ne soit dans le four, l'odeur et le toucher du papier permettent au lecteur de profiter d'un petit moment pour soi. C'est ce qui fait le succès des magazines de niche: dans une société numérique, le consommateur aime s'accorder quelques moments hors ligne et un magazine imprimé consacré à sa passion lui offre l'occasion idéale de le faire.
Prévoyez suffisamment de place en rayon
Pour les magazines culinaires, il est particulièrement important que la couverture soit entièrement visible. Ces magazines font encore largement l'objet d'achats impulsifs. Faites donc saliver les clients en leur montrant la couverture. Prévoyez suffisamment de place en rayon et votre stock sera écoulé en un clin d’œil. Accordez également une importance et une attention particulières aux éditions spéciales et aux éditions supplémentaires, notamment à l'occasion des fêtes de fin d'année. Pour beaucoup de gens, les fêtes comme Pâques ou Noël sont l'occasion de cuisiner ensemble. N'hésitez pas à mettre les magazines culinaires et les éditions spéciales en avant à ce moment-là. Leurs ventes peuvent tripler ou quadrupler durant ces périodes!

Decouvrez le cerveau derriere chaque magazine culinaire
delicious. magazine
Est-ce que delicious. magazine a toujours été un magazine culinaire?
Maureen Belderink (rédactrice en chef de delicious. magazine): “Le magazine culinaire delicious. paraissait sous le nom de Tip Culinair jusqu'à il y a environ 13 ans. Ensuite, nous l'avons rebaptisé. delicious. est à l'origine un titre australien, qui est renommé dans ce pays depuis des années. Mais notre magazine n'est pas qu'une simple traduction, le contenu et le planning sont entièrement laissés à l'appréciation de la rédaction. Nos rédacteurs s'inspirent de tout ce qui se passe dans le monde de l'alimentation et de la cuisine. C'est là-dessus que nous nous basons pour déterminer notre contenu.”
Quelles sont vos principales rubriques et qu'est-ce qui vous distingue des autres magazines culinaires?
Belderink: “Ce qui nous distingue principalement, c'est l'accent que nous mettons sur l'aspect artisanal de l'alimentation. Ainsi, nous nous intéressons non seulement à la cuisine, mais aussi à la manière dont les produits sont créés, à l'origine des aliments, à la durabilité des produits… delicious. est un livre pour les personnes qui aiment vraiment la cuisine et la considèrent comme une passion. Et ils ne veulent pas seulement cuisiner, ils veulent aussi en savoir plus et affiner encore leurs compétences. Nous sommes toujours à la recherche d'un bon équilibre dans les recettes que nous publions. Par exemple, nous avons la rubrique ‘10 fois plus simple et plus rapide’ où la préparation d'un plat ne prend pas plus de 30 minutes.
Mais nous avons aussi la rubrique ‘Be a better cook’ où nous approfondissons les techniques de cuisson, la connaissance des aliments, les techniques de conservation, la cuisine zéro-déchet ... Ainsi, nous pouvons faire le bonheur de chaque cuisinier amateur.”
Est-ce que la digitalisation constitue un défi pour vous?
Belderink: “Aux Pays-Bas, le mot défi est synonyme de problème et ce n'est pas comme ça que nous voyons la numérisation, au contraire. Nous considérons plutôt qu'il s'agit d'un ajout intéressant. Notre magazine est publié chaque mois, ce qui signifie que nous ne sommes en contact avec nos lecteurs qu'une fois par mois. Bien sûr, c'est beaucoup plus amusant de leur parler tous les jours via notre site web et via les réseaux sociaux. Par exemple, nous avons chaque jour plusieurs points de contact où nous entrons en contact avec nos lecteurs. Nous jouons le jeu et nous sommes très actifs à cet égard.”
delicious. magazine
Votre magazine est-il très présent dans les librairies belges?
Arjan van Rijn (marketing delicious. magazine): “Notre magazine est fabriqué aux Pays-Bas, mais nous sommes présents chez 1.300 marchands de journaux belges, ce qui est une bonne présence à mon avis. On remarque que le rapport entre le nombre de ventes au numéro et d'abonnements n'est pas le même aux Pays-Bas et en Belgique. Aux Pays-Bas, les abonnements sont plus importants alors qu'en Belgique, le ratio est presque le même avec la vente au numéro légèrement en tête avec un tirage un peu plus élevé en Belgique. Les Belges aiment donc toujours aller chez le marchand de journaux pour acheter notre magazine.”
Comment voyez-vous l'évolution des magazines culinaires dans le futur?
Van Rijn: “Nous pensons que les titres de niche ont plus de chance de survie que les magazines d'intérêt général. Ce dernier groupe traite souvent trop de sujets. Les gens sont prêts à mettre le prix pour un magazine consacré à une passion particulière. Je pense donc que la vente de notre magazine va rester très stable dans les magasins de journaux au cours des années à venir.”
Culinaire Ambiance
Comment le contenu du magazine Culinaire Ambiance a-t-il évolué ces dernières années?
Bernd De Crée (project manager/auteur Culinaire Ambiance): “Le magazine existe depuis 1986 et était publié à l'origine en français et en néerlandais. Il y a eu une scission il y a quelques années et aujourd'hui, la version francophone a disparu. Au départ, le magazine s'adressait principalement au secteur professionnel de l'hôtellerie et de la restauration. Progressivement, nous touchons aujourd'hui une catégorie plus large de cuisiniers (amateurs) avancés, c'est-à-dire à toute personne passionnée et impliquée dans la nourriture. Notre magazine s'adresse aux personnes en quête de valeur ajoutée.”
Où puisez-vous l'inspiration pour le contenu de votre magazine?
De Crée: “Les sujets que nous abordons sont très larges. Bien sûr, la nourriture est très importante mais nous nous intéressons aussi à l'histoire des chefs et des ingrédients. Nous nous penchons sur des cas issus du secteur horeca, nous écrivons sur les voyages, les cocktails, la culture du shopping … Nous nous inspirons de notre propre réseau. En plus de nos magazines, nous publions chaque année un guide club. Il s'agit d'un guide destiné aux épiceries fines d'une part et aux hôtels, restaurants et bars à cocktails d'autre part. De nombreux acteurs de ces secteurs sont membres de notre réseau et sont nos soutiens professionnels dans le secteur, nos ambassadeurs. Grâce à eux, nous sommes en contact avec ce qui se passe dans le monde culinaire et nous sommes informés des dernières actualités. Ainsi, nous planifions une grande partie de notre contenu.”
De quelle manière digitalisez-vous le magazine?
De Crée: “Pour nous, le magazine papier reste primordial: c'est le lien le plus important avec les lecteurs. Le magazine reste notre fleuron et nous le complétons avec le site web et les réseaux sociaux. L'intégration est la clé à cet égard. Nous sommes sur le point de lancer une application, mais cette application est liée au magazine. Elle peut être utilisée pour scanner les codes QR dans les articles et obtenir des informations supplémentaires ou des recettes en ligne. Tout ce que nous faisons en ligne complète le magazine et rend l'expérience plus interactive.”
Quelle est l'importance de la librairie comme canal pour votre magazine?
De Crée: “Nous consacrons beaucoup de temps au contenu et à la mise en page car nous voulons concurrencer l'énorme quantité de contenu disponible en ligne gratuitement. Nous sommes nous-mêmes présents en ligne, la rédaction y consacre beaucoup de temps. Mais le magazine papier doit être parfait, à chaque fois. Nous voulons que ce moment de repos que s'offre le lecteur soit aussi parfait que possible. Rien n'est plus agréable que de pouvoir feuilleter le magazine que l'on attend chaque mois avec impatience. A cet égard, la librairie est notre principale enseigne. C'est dans ses rayons que s'étale notre couverture et nous faisons tout notre possible pour que celle-ci se distingue à chaque édition. En effet, comme il s'agit toujours d'un achat impulsif, il faut que la couverture saute aux yeux dans un rayon rempli de magazines culinaires. Même si nous avons une large clientèle fidèle, nous misons beaucoup sur la vente au numéro.”
Foodies et Koken & Genieten
Foodies et Koken & Genieten
Comment planifiez-vous le contenu de vos magazines?
Sanne van den Heuvel (brand manager Foodies et Koken & Genieten): Koken & Genieten propose beaucoup de recettes à petit prix, tandis que Foodies est devenu de plus en plus personnel. Les lecteurs apprennent à nous connaître grâce à nos histoires personnelles et à nos conseils. Les rédacteurs prennent le lecteur par la main et lui donnent des astuces. Nous commençons toujours par un plan annuel dans lequel nous prenons en compte ce qui se passe dans le domaine culinaire. Ensuite, nous élaborons un plan pour chaque édition. En août, nous planchons déjà sur les numéros de Noël si bien que les rédacteurs ont une perception des fêtes et des saisons un peu perturbée.”
Qu'est-ce qui fait que vos magazines se distinguent dans la presse culinaire?
Van den Heuvel: “A la rédaction, il n'y a que de véritables foodies. Nous passons nos journées à manger. Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec des éditeurs pour présenter à nos lecteurs les derniers livres de cuisine. Notre collaboration avec les blogueurs culinaires est unique. Nous leur donnons régulièrement la parole et ils sont fiers de figurer dans une édition imprimée. Foodies apporte de la diversité: recettes, histoires et inspiration. Koken & Genieten regorge de bonnes recettes. C'est le magazine qui en propose le plus au prix le plus bas. C'est un chouette magazine culinaire à avoir sur la table de la cuisine. Il permet de répondre à la sempiternelle question: ‘qu'est-ce qu'on mange aujourd'hui?’.”