“NOUS SOMMES EN QUETE D'UNE PLUS GRANDE EFFICACITE”

bpost et AMP unissent leurs forces pour distribuer la presse belge

Depuis 2016, bpost a acquis la succursale belge de Lagardère Travel Retail avec l'approbation de l'autorité de la concurrence. Les activités acquises conservent leur nom commercial, mais sont regroupées sous le nouveau nom Ubiway. 2019 sera une année très importante pour Ubiway: c'est celle où tout deviendra opérationnel et devra être mené à bien. Un CEO, Nicolas Meire, et un CCO, Tom Vermeirsch, ont été nommés à cet effet. C'est donc le moment idéal pour se réunir avec eux afin de parler de ce rachat.

ALLIANCE AVEC BPOST

Nicolas Meire: “bpost est devenu actionnaire à 100% d'AMP. Dans cette situation, tout le monde est gagnant, aussi bien eux que nous. L'objectif commun est de rendre la distribution de journaux aussi efficace que possible et d’aider encore mieux le client. Cette démarche d'efficacité se situe à deux niveaux. D'une part, nous voulons maintenir le prix de revient total aussi bas que possible. Ce n'est pas évident, sachant que l'impression physique diminue et que cela fait grimper le coût par exemplaire. D'autre part, nous voulons garantir la rapidité de livraison. Les imprimeries sont de plus en plus centralisées, ce qui réduit le nombre d'imprimeurs. Pour donner un exemple: en 2019, Mediahuis va transférer l'imprimerie de Grand-Bigard à Paal-Beringen, ce sera alors très difficile de servir la région côtière à temps. Dans cette optique, mieux vaut unir les forces.”

Tom Vermeirsch: “Il est important qu'à partir de maintenant, nous mettions le transport en place depuis l'imprimerie. Dans le passé, tout se faisait via des points de transbordement, maintenant nous sautons cette étape. Cela devrait nous faire gagner du temps.”

Meire: “Le gros avantage de cette coopération est que nous pouvons désormais faire appel au plus grand appareil logistique en Belgique, et il s'agit toujours de bpost.”

Collaboration logique

Meire: “bpost et AMP couvrent presque la même surface, il est donc tout à fait logique que nous unissions nos forces. Il y aura également des dépôts communs. Il pourra s'agir de dépôts nouveaux ou existants, toujours positionnés aux endroits les plus stratégiques. De là, les journaux iront soit aux abonnés, soit aux marchands de journaux. Les éditeurs nous mettent aussi devant le fait accompli. S'ils décident d'imprimer au Limbourg un journal dont 80% des ventes sont réalisées en Flandre orientale et occidentale, nous devons nous adapter. Nous n'avons pas notre mot à dire sur l'endroit où les journaux doivent être imprimés, c'est une décision qui appartient à la maison d'édition et qui est certainement fondée. Cependant, il n'est pas toujours facile de gérer la distribution.”

"L'objectif commun d'AMP et de bpost est de rendre la distribution de journaux aussi efficace que possible. Cette demarche se situe a deux niveaux: maintenir le prix de revient total aussi bas que possible et garantir la rapidite de livraison"

- Nicolas Meire
CEO van Ubiway

Nouveau début avec bpost

Meire: “AMP et bpost sont parfois entrés en conflit dans le passé. Mais il faut voir les choses de manière rationnelle, cette coopération est une étape logique. Mieux vaut collaborer plutôt que se battre. Cela ne profiterait à personne.”

Vermeirsch: “Nous commençons à partir d'une feuille blanche avec bpost. L'activité principale de bpost est la distribution de papier, qui est en soi identique à ce que nous faisons. Seulement, nous devons nous renforcer mutuellement à cet égard. Nos deux forces combinées devraient déboucher sur un service fort.”

DIVERSIFICATION

Meire: “Outre la collaboration avec bpost, nous voulons nous concentrer sur des outils nous permettant d'emmener le marchand de journaux dans une plus grande aventure.”

Vermeirsch: “En effet. La collaboration avec bpost nous permet d'approvisionner quoti­diennement les librairies. Outre les articles de presse, celles-ci peuvent se faire livrer le lendemain de la commande de la nourriture et des boissons, des jouets, des accessoires pour fumeurs ou des e-cigarettes. Mais toujours en plus petites quantités.“

Guider les librairies

Meire: “Nous voulons aussi guider les marchands de journaux et voir avec eux comment ils peuvent réorienter leurs magasins. Nous prendrons des initiatives pour réunir des marchands de journaux de la même région et leur permettre de partager leurs expériences. Cette pollinisation croisée peut être une source d'inspiration. Bien sûr, il faut être ouvert aux nouvelles opportunités. Pourquoi devriez-vous continuer à vous défendre contre la montée en puissance des colis, alors que vous pouvez les adopter et générer plus de trafic dans le magasin? Comment faire de la place pour d'autres assortiments? Comment pouvons-nous augmenter la visibilité du magasin? Nous voulons essayer de répondre à ces questions à l'aide du partage d'expériences.”

En quête du quatrième pilier

Vermeirsch: “Il n'existe pas de quatrième pilier, ou du moins pas encore. Le quatrième pilier doit être un mélange de divers assortiments et sera différent pour chaque librairie. Il n'y a pas que les marchands de journaux qui cherchent de nouveaux angles d'attaque. Les entreprises de premier plan comme bpost sont toujours en quête de nouvelles opportunités. Les gens lisent moins et envoient moins de let­tres. bpost est également à la recherche de nouvelles opportunités de croissance. bpost l'a trouvé dans AMP et aussi dans Leen Menken, qui s'occupe des activités de fulfillment pour HelloFresh. On peut aisément comparer un facteur et un marchand de journaux. Le contenu de ces deux métiers est en train de changer de manière significative. Un facteur livre de plus en plus de colis, une librairie devient de plus en plus un magasin complet.“

SYSTEME DE CAISSE UNIVERSEL

Vermeirsch: “En plus de la nouvelle forme de distribution, nous voulons travailler à de nouveaux systèmes de caisse. A l'aide des nouvelles caisses enregistreuses, nous voulons tout simplifier pour la librairie. Il faut que le détaillant puisse élaborer des campagnes promotionnelles de façon très simple: achetez De Standaard et recevez une pâtisserie gratuite. Pour l'instant, ce n'est pas impossible, mais ce n'est pas structuré. Un système de caisse universel peut également être un outil utile pour le suivi des stocks, une vue d'ensemble des abonnements en magasin ou la comptabilité. Cela doit contribuer à la professionnalisation des marchands de journaux.”

SEGMENT PRESSE

Vermeirsch: “Malheureusement, nous ne pouvons rien y faire, mais le segment de la presse est tout simplement en déclin. Il se peut que les éditeurs aient rendu tout disponible en ligne trop rapidement à l'époque. Le journalisme coûte de l'argent et tout a un prix. Il n'est donc pas réaliste de tout offrir gratuitement. Les marques de journaux ont peut-être commis quelques erreurs dans leur politique en ligne. C'est un défi pour n'importe quel éditeur de garder le service en ligne rentable, mais il est nécessaire d'être là aujourd'hui. Les éditeurs essaient maintenant de compenser cela en rendant leur contenu payant.”

Produit de luxe

Vermeirsch: “Le paysage de la presse va progressivement changer. Il y aura moins d'éditeurs et seules les marques fortes resteront. Cependant, la presse existera toujours. Le papier aura toujours son charme et aura peut-être de plus en plus tendance à être un produit de luxe. Quand la télévision a commencé son ascension à l'époque, tout le monde pensait que ce serait la fin de la radio. Aujourd'hui, nous constatons que la radio est plus forte que jamais en tant que canal médiatique. Peut-être que les journaux en ligne et les journaux physiques devraient rechercher une synergie similaire.”

Couper dans l'offre

Vermeirsch: “Certains magasins devront couper dans leur offre. Si un magasin propose 10 mètres de presse, il peut généralement en enlever 3 à 4. Cela libérerait de l'espace pour des choses nouvelles et différentes. Soit vous misez à 100% sur la presse, la bande dessinée et les livres, soit vous devenez une sorte de magasin de proximité.”

“2019 sera l'annee de la verite, ou tout sera deploye sur le plan operationnel. Les changements que nous apporte­rons, auront un impact sur tous les intervenants d'AMP. Si tous les partenaires y mettent du leur, nous devons pouvoir ecrire une belle histoire"

– Tom Vermeirsch
CCO van Ubiway

DIVERSITE DE LA PRESSE

Vermeirsch: “La Belgique est un pays assez unique en termes de distribution de presse. Malgré la tendance à la baisse du segment de la presse, nous essayons d'assurer la distribution de la presse par tous les moyens. Il s'agit d'un fait important, quand on connaît la diversité de la presse. Dans de nombreux pays, il n'y a tout simplement plus de distribution de presse. Dans les pays scandinaves, tout cela a été aboli. La situation est également problématique en France. L'homologue français d'AMP détient 80% de la distribution des journaux. Ils font une perte de millions d'euros. Le président français a déjà dit que cela ne pouvait pas continuer. Ils doivent de toute urgence trouver une solution. La seule raison pour laquelle ils maintiennent la distribution, est que la France est un pays assez instable d'un point de vue socio-économique. Imaginez qu'il n'y ait soudain plus de diversité de la presse ... ce serait alors le chaos total. S'il n'y a plus de distribution à un moment donné, il se peut fort bien que l'ensemble du secteur de la presse s'effondre complètement.”

La Belgique comme exemple

Vermeirsch: “En France, ils aimeraient mettre en place une structure similaire à celle de la Belgique. Nous entendons souvent dire par des collègues étrangers que la Belgique est un exemple en matière de distribution de la presse. Il n'est pas facile de changer de cap dans un marché qui connaît glo­balement de nombreux changements. Si tous les partenaires – bpost, AMP, fournisseurs, éditeurs, Unizo, fédérations et le marchand de journaux – y mettent du leur, nous devons pouvoir écrire une belle histoire.”

2019

Vermeirsch: “2019 sera l'année de la vérité. Cette année, tout sera déployé sur le plan opérationnel. Les changements que nous apporterons, auront un impact sur tous les intervenants d'AMP. De plus, nous devons également essayer de nous adapter au mieux au déménagement de Mediahuis. Nous espérons que la presse ne s'en apercevra pas, mais il est logique que des problèmes de démarrage se glissent. Nous nous efforçons de faire en sorte que la librairie finisse par savoir qui est son livreur habituel. De cette façon, nous créerons une sorte de point de contact fixe. Les employés de bpost sont formés pour livrer des lettres ou des colis, et une livraison d'AMP n'est guère différente d'une livraison de lettres ou de colis. Cela reste toujours la même activité.”